Les enjeux locaux de la biodiversité – l’essentiel en bref

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La biodiversité est nécessaire à notre vie

Pouvoir respirer grâce à la végétation qui produit de l’oxygène ; disposer d’eau potable grâce à la microfaune du sol qui épure les eaux de surfaces lorsqu’elles s’infiltrent vers les nappes phréatiques ; pouvoir se nourrir grâce aux insectes pollinisateurs et grâce à la masse des minuscules organismes qui rendent la terre fertile ; utiliser le bois de la forêt pour se chauffer, construire nos meubles et bâtir nos maisons ; regarder un beau paysage en écoutant le chant des oiseaux... tous ces services vitaux et de bien-être (appelés services écosystémiques) sont offerts par la biodiversité, même si nous en n’avons souvent pas conscience.

Le canton de Genève abrite environ 22’000 espèces d’animaux, de végétaux et de champignons (il y en a environ 50’000 pour l’ensemble de la Suisse). Un séjour dans la nature active notre système parasympathique et nous plonge ainsi dans un état réparateur, par contraste avec celui d’épuisement souvent causé par le bruit et la pollution. Une étude conduite en Grande-Bretagne sur 20'000 personnes a observé que les personnes qui passent au moins 2 heures par semaine en contact avec la nature déclarent 1.6 fois plus fréquemment être en bonne santé et 1.2 fois se sentir mieux. 

 

… et à notre survie

De cette biodiversité dépend non seulement notre qualité de vie actuelle, mais aussi notre capacité à faire face aux importants changements climatiques qui s’annoncent. En Suisse d’ici 2050, les températures moyennes devraient augmenter de 2 à 3,3 °C par rapport à la période 1981-2010. Les événements météorologiques extrêmes sont attendus plus fréquemment : canicules, sécheresses, tempêtes et inondations. Presque toutes les espèces animales et végétales souffrent déjà des changements en cours, tandis que de nouveaux agents pathogènes et des espèces exotiques potentiellement nuisibles ont déjà commencé à s’installer...

Une biodiversité locale riche en espèces et en variété génétique a davantage de ressources pour s’adapter (résilience) et faire face à l’arrivée de nouvelles espèces potentiellement problématiques, tels certains insectes ravageurs des cultures. Pour les contrer, les oiseaux et les chauves-souris et même les insectes restent nos meilleurs alliés. Il est également capital que les espèces puissent se déplacer sur le territoire pour trouver un refuge, se nourrir et se reproduire, mais aussi pour s’adapter aux changements – d’où l’importance d’une infrastructure écologique de qualité et diversifiée, offrant des habitats naturels riches et des corridors biologiques.

 

L’infrastructure Écologique

On appelle infrastructure écologique le réseau constitué par : 

• les réservoirs de biodiversité (espaces où les espèces prospèrent) : réserves naturelles, forêts, zones encore riches en nature;

• les relais (espaces faiblement urbanisés ou exploités), où les espèces peuvent séjourner temporairement ;

• les corridors biologiques, qui relient les réservoirs et les relais et qui permettent aux espèces de se déplacer.

Dans les zones urbaines exposées aux îlots de chaleur, c’est le maintien des grands arbres et la plantation de nouveaux sujets qui permettra l’ombrage du sol et l’évaporation de l’eau, qui rafraîchit les quartiers. Vu le temps nécessaire à la croissance des arbres, il est nécessaire de conserver autant que possible les arbres en place et de renforcer rapidement leur présence, tout en choisissant avec soin les associations de végétaux à planter, afin qu’ils résistent aux changements climatiques, et qu’ils forment des milieux de vie favorables aux autres espèces (oiseaux, insectes, champignons, etc.)

 

La biodiversité dans les communes

La Cour des comptes a évalué les mesures volontaires en faveur de la biodiversité mises en place par les communes urbaines et le canton. La Cour relève aussi que le déclin de la biodiversité engendre des risques sociaux, économiques et environnementaux importants à moyen et long termes. Les recommandations de la Cour, dans son rapport N°152 publié en octobre 2019, confirment la valeur de l’important dispositif volontaire déjà mis en place par les acteurs du territoire et soulignent la nécessité d’accroître la coordination des efforts, la sensibilisation de la population, la formation continue des professionnels et la bonne connectivité des sites

D’ores et déjà, le Plan directeur cantonal et les plans directeurs communaux bénéficient des données relatives à la qualité biologique du territoire, grâce à une carte de diagnostic de l’infrastructure écologique élaborée par les réseaux d’experts en biodiversité GE-21. Cette carte agrège 4 piliers essentiels au bon fonctionnement de la biodiversité: la richesse, la structure, la connectivité et les services écosystémiques. Ainsi elle donne un état factuel de la biodiversité. Elle est également couvrante sur tout le canton (et bientôt le Grand-Genève). Car la biodiversité commune – en dehors des aires protégées – joue aussi un rôle important, notamment pour la production des services écosystémiques.

A l'échelle du canton, les Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève ont publié un tableau de bord des milieux naturels facilement utilisable au niveau communal.

 

La biodiversité dans le Grand Genève

La biodiversité ne connaît pas de frontière. C’est pourquoi nous échangeons avec nos collègues français et vaudois pour connecter notre infrastructure écologique aux trames vertes et bleues, ainsi qu’aux espaces naturels sensibles de nos voisins.

 

Objectif principal de transition à l’horizon 2030 : préserver la biodiversité et garantir les services des écosystèmes sur 30% du territoire           

Au niveau national, la Confédération s’est engagée à dédier 17% du territoire à la protection de la biodiversité. Elle répond ainsi aux Objectifs d’Aichi, définis en 2010 par la Convention de la Diversité Biologique, et au 15e Objectif de Développement Durable des Nations Unies (ODD). Les cantons, y compris Genève, doivent adopter ce même objectif. En 2019, seuls 10% des surfaces protégées ou “sous gestion” du canton (= infrastructure écologique existante) pouvaient être considérées comme de haute qualité et fonctionner comme réservoirs de biodiversité.

De plus, d’après le Forum Biodiversité Suisse, 13% de territoire supplémentaires sont nécessaires pour une interconnexion et une mise en réseau cohérente des aires dédiées à la biodiversité. En 2019, ces aires de mise en réseau – qui comprennent une partie des surfaces de promotion de la biodiversité en milieu agricole – ne couvraient que 10,5% du canton. Le renforcement de leur qualité est nécessaire au maintien de la biodiversité locale, et au bon fonctionnement des écosystèmes et des services qu’ils nous rendent.

Ainsi, dès que possible mais au plus tard à l’horizon 2030, un total de 30% du territoire cantonal devra constituer l’infrastructure écologique pour garantir les services vitaux de la biodiversité, renforçant du même coup notre résilience face aux changements climatiques. C’est la colonne vertébrale de la biodiversité à travers notre territoire. 

Mais ce n’est pas suffisant ! En plus des milieux encore naturels à préserver, enrichir et connecter, il y a du potentiel : jardins, pourtours d’immeuble, parcs publics, bords de route, toitures plates et même balcons – tous peuvent participer à davantage de biodiversité, en choisissant bien ce qu’on y plante et comment on l’entretient. Chaque mètre carré compte, à son échelle (canton, commune, PLQ, jardins privés, etc.)

 

« L'Europe vit-elle dans les limites de notre planète ? » Un rapport publié par l’Agence européenne de l’environnement et l’OFEV en 2020 qui montre comment l'Europe et la Suisse ne se trouvent pas encore dans un « espace opérationnel sûr pour l’humanité ». Ce rapport comprend aussi une étude de cas sur l'empreinte de la Suisse en matière de biodiversité, et explique pourquoi cette empreinte est encore 3,7 fois trop élevée pour être durable.

 

Quelques pistes et solutions, issues de la recherche appliquée des hautes-écoles.

 

Pour aller plus loin

L'infrastructure écologique du Canton de Genève : une Story Map réalisée par la Haute École du Paysage, d'Ingénierie et d'Architecture de Genève pour l'Etat de Genève dans le cadre de GE-21.

Indicateurs DPSIR pour la biodiversité (disponibles au niveau communal)

En savoir plus sur les recherches d’HEPIA et de l’UNIGE sur la biodiversité 

Les contributions des hautes écoles (HEPIA et UNIGE) au Plan Biodiversité 2020-2023

Stratégie Biodiversité 2030 (SBG2030) et son Plan BIodiversité 2020-2023

Forum «Le paysage fait bouger» Forum organisé le 9 mars 2022 par la Coordination des actions de la Confédération sport-territoire-environnement (OFEV, OFSPO, ARE et OFSP)

Les contrats corridors biologiques

Projet de paysage prioritaire de l’Arve, du Bois de Rosses, Coeur vert et des rives de la Valserine à Bellegarde

Mesures d'accompagnement paysage (Foron, Bernex, Feuillasse et passage à faune entre le Salève et la plaine genevoise)

Projet Interreg Urbangene

Les réalisations Nature & Paysage au niveau du Grand Genève

Plus de 18% des 243 exploitations agricoles genevoises étaient estampillées “bio” en 2021

La pandémie de Covid-19 augure d’autres pandémies à venir; c’est l’avis de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES).

Aborder conjointement le changement climatique et la perte de la biodiversité (fiche informative de l’Académie suisse des sciences naturelles, août 2021)

A fifth of countries worldwide at risk from ecosystem collapse as biodiversity declines, reveals pioneering Swiss Re index (September 2020)

Formations des enseignant-e-s sur la biodiversité et l’étude sur le terrain

Formation initiale des enseignant-e-s sur la biodiversité et l’étude sur le terrain

Formations continues ciblées sur la gestion des milieux naturels

Formations continues pour l’animation nature